Vous avez dit « méthodisme » ? Voilà un mot qui a une curieuse histoire en protestantisme.
Le XVIIIe siècle est considéré comme le Siècle des Lumières. C’est le règne de la raison, où Dieu est sorti de la Bible pour devenir le Dieu de la nature, le Grand Architecte de l’univers. Dans ce contexte, les Églises protestantes européennes se sont assoupies. En France la répression anti-protestante ne cesse officiellement qu’en 1787. En Grande-Bretagne, les controverses qui ont agité l’Église anglicane se sont bien calmées, et les prêtres anglicans ne font plus guère de zèle évangélique.
Un jour pourtant, un de ces prêtres anglicans, John Wesley (1703–1791), décide de vivre pleinement sa foi et de la partager avec le plus grand nombre. Il forme avec son frère Georges et quelques amis un groupe de prière, de partage d’expériences religieuses, et d’engagements sociaux. Ce sont autant de méthodes utilisées dans le but de faire grandir la foi des participants et de permettre à chacun d’eux d’atteindre l’entière sanctification. Ses collègues se moquent de ce petit groupe pieux et de leurs méthodes, les affublent du sobriquet de méthodistes et, par dérision, le Méthodisme est né. John Wesley passe sa vie à prêcher, même en plein air, aux pécheurs pour qu’ils se convertissent. Wesley meurt en 1791 et, la même année, un prédicateur méthodiste débarque pour la première fois en France. Il s’appelle François Mahy, vient le l’île anglo-normande de Guernesey, et reste en Normandie pendant la tourmente révolutionnaire et l’épopée napoléonienne. Il meurt en 1810. Neuf ans plus tard Charles Cook (1787-1858) débarque à son tour en Normandie. Il est de nationalité britannique, et pasteur missionnaire méthodiste. Malgré la différence de langue et de culture, il est le fondateur du méthodisme français. D’abord en Normandie, puis dans la Vaunage, il essaime les méthodes de Wesley dans le protestantisme français. Il évangélise Nîmes, la Suisse vaudoise (Lausanne et Aigle), les Hautes Alpes (sur les traces de Félix Neff), la Drôme, et les contreforts des Cévennes. Les méthodistes ont bien des difficultés à s’installer à Paris, mais ne seront présents dans aucune autre grande ville.
De 1819 à 1852 les pasteurs méthodistes sont missionnaires en France. À partir de 1852 ils se constituent en Église, indépendante de l’Église réformée « concordataire », et prennent place dans le paysage protestant français. Ils n’ont jamais été très nombreux, mais sont actifs dans d’importants domaines. Ils fondent un pensionnat pour jeunes filles à Nîmes, un orphelinat à Paris, participent à la création de la SED, des UCJG, de la Fédération protestante de France. Ils participent à tous les grands débats qui agitent le protestantisme français dans la deuxième moitié du XIXe siècle, du coté des Orthodoxes (ou Évangéliques). Ils collaborent aux préparatifs de la grande réunification de l’ERF, à laquelle la majorité des Églises locales méthodistes adhèrent en 1939.
Plus grand monde se souvient des méthodistes, en France, mais il est bon tout de même de connaître leur existence : ils sont des millions de par le monde à suivre encore les méthodes de John Wesley qui est considéré par beaucoup comme un réformateur de la classe de Paul de Tarse ou de Martin Luther et qui a dit : « Ma paroisse, c’est le monde entier ».
Le désir de la Société d'Études du Méthodisme Français est de faire connaître à ceux qui le souhaitent les résultats des recherches les plus récentes sur le méthodisme francophone, mais aussi créer des liens entre les descendants des pasteurs ou des laïcs membres de l’Église Évangélique Méthodiste avant sa fusion dans l’ERF en 1939. De plus, la SEMF travaille adossée à l'Institut Protestant de Théologie de Montpellier, et peut conserver elle-même les documents méthodistes dans sa bibliothèque. La SEMF attend beaucoup des réponses que lui donneront ses correspondants à ses questions et à ses recherches documentaires. Le résultat sera surtout de participer, avec tous les chercheurs qui étudient le Réveil en France au XIXe siècle, à mieux faire connaître ces vaillants évangélistes qu’étaient les pasteurs méthodistes et la valeur de l’apport du méthodisme dans le protestantisme français renaissant.
Pasteur Jean-Louis Prunier, président de la SEMF